ECLIPSE BAND:

The Gunslinger 1994

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Ride Through The Badlands 2000

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Freedom of The Ride 2006

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En 1976, alors qu’il était encore au lycée, Big Mike Donaldson a mis sa guitare en bandoulière et a monté le groupe Eclipse qui a sillonné tous les rades à bikers de l’Indiana et des états voisins en distillant une musique très influencée par le rock sudiste. Après un premier album prometteur en 1983 et un morceau sans équivoque (« I like to drink Jack »), le combo a continué sur sa lancée avec trois autres disques que nous allons commenter ici.

L’album « The gunslinger » date de 1994, et la pochette affiche le style d’entrée de jeu : des mecs costauds, chevelus et barbus posant à côté d’énormes bécanes. La musique est à l’image de la pochette et s’adresse aux fondus en tous genres et aux fans de rock, de motos et de décibels. L’influence sudiste se fait nettement sentir sur « The gunslinger » et « Tired and lonely ». Ces titres commencent sur un tempo relativement cool et s’envolent pour un solo final. Á noter également,  Homebound » (avec un rythme à la Bo Diddley et une bonne slide) et « Donna’s song » (une chanson aux accents mexicains avec un accordéon). «Ride away » sonne comme le « Roll Gipsy, roll » de Lynyrd Skynyrd et on tape du pied sur « Bean blossom boogie ». Il faut également noter un blues en mode mineur avec une guitare électro-acoustique et un saxophone (« Not dreamin’ »). Il y a déjà là de quoi satisfaire plus d’un mordu de musique.

L’année 2000 voit la sortie de « Ride through the badlands », troisième album de ce combo incendiaire. Cette galette est encore plus marquée par le rock sudiste que la précédente. Le titre « Ride through the badlands » envoie des arpèges de guitare acoustique à la manière de « Left turn on the red light » de Blackfoot et une bonne slide survole le tout. « Story teller » est caractéristique de ce tempo médium hypnotique propre au rock sudiste (comme « The creeper » de Molly Hatchet ou « Double trouble » de Lynyrd Skynyrd). Vient ensuite le sommet de l’album avec « Pray pray pray », un émouvant slow mélodique avec un superbe solo beau à pleurer. Big Mike rend hommage à Ronnie Van Zant, Stevie Ray Vaughan et Hank Williams en chantant sur le refrain que le Seigneur enlève les bons quand ils sont au top. Ce titre revêtira d’ailleurs une importance capitale pour la fin de l’histoire. On a aussi droit à un blues lent et poisseux à la ZZ Top avec une bonne slide (« Green fishin’ line »), une ballade country avec un violon (« Last day on earth ») et un morceau influencé country, avec un dobro, dans le style de « When you got good friends » de Lynyrd Skynyrd (« Southern holiday »). Le rock sudiste tient toujours le haut du pavé avec « Ain’t it good » (une ballade sudiste avec de bonnes guitares) et surtout « I love Southern rock ». Dans cette chanson, dont le titre parle de lui-même, Big Mike cite comme influences majeures les principaux artistes sudistes (Marshall Tucker, David Allan Coe, Black Oak Arkansas, Lynyrd Skynyrd, Blackfoot, ZZ Top, ABB, Outlaws) et signale qu’il a ouvert pour Molly Hatchet. Une certaine atmosphère à la Outlaws se dégage de « Into the wind » et le disque s’achève sur « Little fish », un instrumental country avec guitare acoustique et dobro. Il s’agit de la galette la plus orientée rock sudiste dans la discographie de l’Eclipse Band.

Big Mike et ses potes remettent le couvert en 2006 avec l’album « Freedom of the ride ». L’inspiration sudiste est bien présente sur plusieurs titres comme « Freedom of the ride », le très bon « Mountain man » (avec des arpèges à la Blackfoot) et « New kinda blues ». Le combo balance aussi un bon rock (« Not gonna turn it down ») et « Peacemaker » se rapproche du hard. Mais Big Mike sait aussi adoucir les choses avec un superbe slow, doté d’un très beau solo à la manière de Gary Rossington, qui évoquerait le Lynyrd Skynyrd première période. « Holden you tonight », une ballade country avec une guitare électro-acoustique, se défend bien également.

Par la suite, Big Mike Donaldson a continué d’arpenter le chemin rocailleux du rock n’ roll en faisant hurler sa Gibson LesPaul et en jouant du slide avec une bouteille de Jack Daniel’s. Il a ouvert pour Toy Caldwell (avec et sans le Marshall Tucker Band), David Allan Coe, Kentucky Headhunters et Molly Hatchet. Il a constamment entretenu sa passion des bécanes. Il s’est aussi investi dans beaucoup d’activités caritatives et sa générosité était connue de tous. Mais, comme il le chantait dans « Pray pray pray », les bons mecs sont souvent rappelés au ciel les premiers et il craignait de faire partie du lot. Le destin ne l’a pas contredit et Big Mike a été terrassé par une crise cardiaque en février 2014 à l’âge de cinquante six ans, sans avoir connu la gloire mais en ayant joué de la musique toute sa vie. Sa famille et ses amis lui ont érigé une pierre tombale en forme de guitare.

Quand le rock'n’roll tient un mec, il le tient jusqu’au bout !

Olivier Aubry